Fatigué de ce monde

La résilience, ne se construit pas sur l'oubli, mais sur la mémoire de ce qui est arrivé et que le temps n'efface pas. Désespoir incommensurable, sidération, déni, révolte, choc émotionnel d'une telle vio¬lence qu'il détruit, déstabilise, fait perdre la notion du temps? Dix-huit ans après le départ volontaire d'Ar¬naud, sa maman n'occulte rien des journées tragiques qui ont suivi le choix de ce garçon de vingt-deux ans si fragile et, pourtant si heureux d'exister. Il était néces¬saire de le rappeler avant tout.

Pourtant, il faut tenter de vivre?

La résilience s'enracine dans une souffrance, et comme nous les comprenons ceux qui s'y lovent, lèchent dans le secret une blessure qui ne se referme pas.

La résilience n'est pas affaire de volonté mais de circonstances, de rencontres, d'investissements per¬sonnels et, pour tout dire, d'amour reçu et donné.

Ce livre, corrigé et augmenté d'une première édition, dit les circonstances, témoigne des rencontres, signale les investissements, certes pas comme des exemples qu'il conviendrait de suivre, mais comme un partage fraternel. Car c'est peut-être là le cadeau d'Ar¬naud : rejoindre dans l'espérance, par delà une fatigue existentielle, tous ceux qui, un jour, rencontrent une souffrance qui les cloue.