Laudato si’ Regards croisés

Cycle de conférences Laudato si’

Département : Sans departement
Collection : Hors collection
15.00 

L’encyclique Laudato si’, sur la sauvegarde de la maison commune du Pape François est un texte majeur de son pontificat. Cela ressort de l’ampleur des réflexions qu’il y exprime, et de la manière dont il parlera de ce texte et en qualifiera la portée, quelques temps après sa publication : « Le thème de l’écologie a déjà explicitement commencé avec saint François lui-même. C’est la dimension évangélico-écologique qui conduit à donner à chaque être de la création ce qui lui revient. Si nous, en tant que personnes consacrées, nous perdons cette dimension de fraternité avec toute la création, nous nous embourgeoisons au sens socio-politique du terme. Nous pouvons finir par être une aristocratie loin de la fraternité universelle. C’est pour cela que, dans Laudato si’, les pauvres sont importants. On parle de Laudato si’ comme étant une encyclique verte, mais je dirais que c’est avant tout une encyclique sociale.» 

De fait, ce document a connu une très large audience. Il a été salué, bien au-delà de la sphère catholique, par de nombreuses personnalités de sensibilités et de croyances diverses. Mais nous ne pouvons pas en rester là.

Nous en avons conscience, tous les protagonistes de la vie sociale dans le monde, des États, et des Organisations internationales à chaque citoyen, tous doivent s’engager dans un processus de transition écologique qui prenne en compte l’intégralité de la personne humaine dans ses dimensions écologique (rapport à son environnement), économique (rapport à ses modes de production et de consommation), et sociale (rapport aux modes de vie hérités et transmis). Dès lors, quand il s’agit d’affronter les questions soulevées par le changement climatique, il s’agit également d’en considérer les implications en matière de migration des populations, ou encore de gestion des ressources naturelles, ou encore de lutte contre la pauvreté. Et dans les réflexions et actions nécessaires, la diversité des protagonistes s’accompagne d’une diversité d’intérêts, complexes à relier et à hiérarchiser, pour servir le bien commun de l’humanité d’aujourd’hui et de demain. Au final, le défi appelle la conscience et la participation de tous : « Le défi urgent de sauvegarder notre maison commune inclut la préoccupation d’unir toute la famille humaine dans la recherche d’un développement durable et intégral, car nous savons que les choses peuvent changer … J’adresse une invitation urgente à un nouveau dialogue sur la façon dont nous construisons l’avenir de la planète. Nous avons besoin d’une conversion qui nous unisse tous, parce que le défi environnemental que nous vivons, et ses racines humaines, nous concernent et nous touchent tous.» (13-14)

Puisque nos communautés, dans l’Oise et ailleurs, ne peuvent rester indifférentes à ces questions, il est essentiel de nous engager individuellement et collectivement pour faire évoluer nos modes de vie, de consommation, de communication, vers des comportements plus sobres et plus responsables qui tiennent compte des conséquences que ces comportements ont sur le présent et l’avenir de la vie de cette maison commune où tout est donné, tout est lié, et tout est fragile. 

Chaque petit pas compte. L’encyclique Laudato si’nous appelle à une conversion intégrale qui ne se satisfait pas de « solutions » techniques partielles, mais fait place à une dimension spirituelle où Dieu nous rejoint et nous parle et nous accompagne dans nos réalités fragiles.


Afin de s’approprier le document du Pape François, le comité diocésain Laudato si’, que j’ai voulu constituer, a coordonné un cycle de conférences, lors du Carême 2017. Six conférenciers ont proposé leur regard sur ce texte. Tugdual Derville, délégué général d’Alliance Vita, a exploré la notion d’écologie intégrale promue par le Pape ; Elena Lasida, chargée de mission « Écologie et société » à la Conférence des évêques de France, a replacé l’originalité de la pensée du pape François dans une histoire ; Philippe Kearney, prêtre catholique dans l’Oise, et Mohammed Cherfaoui, musulman, co-président du Groupe de dialogue interculturel l’Olivier, ont tissé des liens entre écologie et religions, esquissant ce qui pourrait être appelé une écologie de l’âme ; Sœur Cécile Renouard, professeur de philosophie au Centre Sèvres (Jésuite - Paris) a invité à réfléchir les relations existant entre l’économie et l’écologie, quand justice sociale et justice écologique se rejoignent. Enfin le père Dominique Lang (Assomptionniste) invite à la conversion personnelle et communautaire pour promouvoir la vie. 

Dans la suite de son encyclique, le Pape François a voulu traduire en actes sa pensée. Il a donc créé un nouveau Dicastère (équivalent de ministère) au Saint-Siège : le Dicastère pour le service du développement humain intégral. Il a pour mission de promouvoir l’encyclique et d’engager les catholiques et ceux qui le veulent bien, à mettre en œuvre les actions nécessaires pour sauvegarder la maison commune. Le pape François a nommé le cardinal africain, Peter Turkson, à la présidence de ce dicastère, et pour le seconder, le Père Bruno-Marie Duffé, prêtre du diocèse de Lyon, lequel a bien voulu accepter de « postfacer » cet ouvrage. 

Je souhaite encore remercier chaque conférencier et le Père Duffé d’avoir accepté que leurs réflexions soient ici rassemblées et diffusées. Je suis assuré que chacun continuera à stimuler les lecteurs pour accueillir les réflexions du Pape François, en mesurer les enjeux pour l’avenir de l’humanité et de la maison commune, pour engager, poursuivre et développer des actions personnelles et collectives, sans lesquelles l’avenir, notamment des plus fragiles et des plus pauvres, sera encore plus compromis.

Préface 

Regards croisés sur une question d’actualité

Mgr Jacques Benoit-Gonnin