Fleuve de mémoire

Auteur(s) : Bocquenet Louis
Département : Sarment
Collection : Enfants du Fleuve
22.00 

Réfugié un jour …. Etranger toujours.


Les éditions du Sarment/Fayard, aujourd’hui éditions du Sarment/le Jubilé, ont publié de très nombreux ouvrages consacrés aux régimes  ( Vietcong, Khmers rouges, Pathet Lao) qui ont pris le pouvoir en 1975 dans les pays de l’ancienne Indochine, et, plus particulièrement au drame des réfugiés (les boat et land people). Vingt-cinq ans plus tard, le moment est venu d’établir un bilan humain, d’autant que, par delà les circonstances de l’époque, c’est la permanence et même l’inflation des flux migratoires qui interpelle notre temps.

Au temps des témoignages personnels a succédé celui des synthèses historiques, politiques, sociologiques … Certes ! Mais les victimes ?


Cet ouvrage donne à nouveau la parole aux auteurs du bestseller du livre « Du Mékong à la Seine » qui relatait la fuite éperdue d’un jeune Laotien en 1977. Le fil conducteur en était celui d’une rencontre de l’auteur avec Tran Van Theû, voici maintenant quarante-six ans.

Le nouveau récit est fait de plusieurs fils entremêlés. Le temps fort en est un retour effectué en 1991, au Laos et en Thaïlande. Le contexte en est un Laos bouleversé par le communisme depuis 1975. Theü, Laotien d’origine Vietnamienne, avait dix-sept ans lorsqu’il s’était jeté dans le Mékong au péril de sa vie. Le livre relate le retour, la quête de sa famille, treize ans après. Le fil subjectif en est une interrogation de portée universelle dès lors qu’on est migrant, étranger, exilé… qu’en est-il de l’identité, de l’idée du métissage culturel ? du choix décisif ?... Au delà de l’événement ponctuel de la fuite éperdue d’un adolescent, voici le regard long d’un homme de soixante-quatre ans . La réflexion est soutenue par des centaines de photos, souvent clandestines. Le fil, enfin, est celui de l’actualité. Dans la période historique que nous traversons, jamais autant d’êtres humains n’ont été aussi massivement déplacés, poussés à l’émigration, à l’exil… Comment envisager l’accueil, l’insertion bien sûr, mais indissociablement, l’accompagnement psychologique, de ceux qui vivent des souffrances traumatisantes ?

L’éditeur est lié – personnellement et statutairement – depuis soixante ans aux peuples du Sud-Est Asiatique.[1] Il en connait intimement les épreuves et en partage nombre de destins. Il sait les risques que peuvent encourir les réfugiés, non seulement lors de leur fuite, mais encore leur vie durant dès lors qu’ils ont laissé des membres de leur famille sur place et que la méconnaissance des situations les fragilise au sein même des pays d’accueil[2]. En publiant aujourd’hui la relation d’un retour discret voici trente ans, il acte d’une situation apaisée.


[1] « Piété filiale » - Jean-Claude Didelot - Editions du Jubilé 2006.

[2] « Dis le à l’Eglise… ». Editions du Jubilé. A paraitre.